La dignité de la créature dans le règne végétal

Berne, 14.04.2008 - La dignité de la créature vaut-elle aussi pour les plantes ? La Constitution fédérale et la loi sur le génie génétique l’affirme et exige qu’on la prenne en considération. La Commission fédérale d’éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain (CENH) soutient, elle aussi, la conception suivant laquelle on ne saurait traiter les plantes de façon arbitraire. Une nuisance infligée aux plantes sans raison valable n’est moralement pas admissible.

La Constitution fédérale reconnaît trois concepts concernant la protection du règne végétal: la protection de la biodiversité, la protection des espèces et, lors de l’utilisation des plantes, l’obligation de respecter l’intégrité des organismes vivants (ou la "dignité de la créature" : c’est le concept auquel se réfèrent les versions allemande et italienne). L’idée selon laquelle les plantes ont une "dignité" se heurte chez certains à la désapprobation ou au rejet. D’aucuns considèrent déjà la simple question d’une justification pour l’utilisation des plantes comme insensée: avec les plantes on se situe sur un terrain moralement neutre. Mais il y a aussi des voix qui excluent les végétaux du cercle des êtres vivants moralement dignes de respect, parce que la vie humaine deviendrait alors trop compliquée. Ou bien les obligations envers les plantes pourraient relativiser les devoirs – prépondérants sur le plan moral – que nous avons envers les hommes et les animaux.

La CENH est chargée d’élaborer des propositions pour la concrétisation du principe de la dignité de la créature et a publié un rapport sur cette question.

Le rapport discute la question de savoir quel sont les positions éthiques qui tiennent compte des plantes au nom de leur valeur morale ainsi que la question de leur signification pour une utilisation des plantes justifiée sur le plan éthique. Que les végétaux doivent être protégés pour eux-mêmes impliquent qu’ils ont une valeur morale et des intérêts propres. Les membres de la commission concluent à l’unanimité qu’une atteinte arbitraire infligée aux plantes n’est moralement pas admissible. Par ailleurs, la majorité est d’avis qu’une instrumentalisation totale des plantes requiert une justification. Les principes de la proportionnalité et de la précaution valent lors de l’utilisation des plantes et les structures relationnelles naturelles, c’est-à-dire des structures qui ne sont pas sous l’influence de l’homme, doivent être protégées et conservées. Par contre, la majorité de la CENH est d’avis que les modifications génétiques effectuées sur les plantes ne contreviennent pas à l'idée de la dignité de la créature aussi longtemps que leur autonomie est maintenue. En outre, pour une majorité de la commission une valeur morale des plantes n'exclut pas par principe leur brevetabilité.


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PD Dr. Klaus Peter Rippe, président de la CENH, Tél. 076 433 89 22
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Auteur

Commission fédérale d'éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain
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